Errance
« J’ai l’impression que quelque chose ne sera plus comme avant. C’est peut-être là la vraie définition de l’errance, de sa quête, avec sa solitude et sa peur. C’est le désir que je cherchais, la pureté, la remise en cause, pour aller plus loin, au centre des choses, pour faire le vide autour de moi. » Extrait d’Errance de Raymond Depardon
Errer, c’est flâner, vagabonder. Aucune obligation, pas de but précis, un hymne à l’improvisation. C’est d’une liberté époustouflante ! En latin, on approche du carpe diem, en rap - avec Naps -, de la kiffance ! Avec l’errance, souvent la magie opère comme dans les photos de Depardon.
Mais trêve d’optimisme, l’errance, bien souvent c’est aussi le signe d’une incertitude, d’une certaine instabilité, voire d’une fuite. Certains assimilent même l’errance à une petite mort, à un coma. Ce qui nous intéresse alors, c’est le réveil. Le sursaut qui fait suite, proche de l’instinct de survie.
Ce sentiment, on va le retrouver chez les personnages de Plus jamais nuit : l’oncle et le neveu qui partent, qui cherchent pour oublier, rencontrer, pour un avenir meilleur peut-être. Cette errance, elle est aussi extrêmement présente dans le livre d’Erwan Larher Pourquoi les hommes fuient ? Jane, c’est l’histoire de sa vie, elle erre sans but précis ; à ses côtés, d’autres ont peut-être choisi cet égarement, cette fuite. Mais il y aussi l’errance au sein de patrimoines oubliés dans les livres des éditions Jonglez : sentiment partagé entre émerveillement à feuilleter et feuilleter les pages de Liban abandonné et une certaine mélancolie. Néanmoins une chose est sûre, on se plait à errer au milieu de ces joyaux oubliés.
Portrait d'une fille qui ne se ressemble plus
Laurent Georjin